Le navire antique découvert en 1900 par des pêcheurs d’éponges près de la côte de l’île d’Anticythère marque la naissance de l’archéologie sous-marine. Depuis, plusieurs expéditions ont eu lieu sur le site du naufrage, dont celles du commandant Cousteau en 1953 et 1976, et les plus récentes initiées en 2012 par le ministère de la culture hellénique. Depuis 2021 et jusqu’en 2025, les recherches à Anticythère seront coordonnées par l’université de Genève. La Fondation « Nereus Research » a décidé de soutenir le projet de 2022 à 2025.
Alors que les découvertes d’Anticythère continuent de susciter un énorme intérêt public, il manquait un véritable projet scientifique qui envisagerait d’analyser et d’étudier l’épave dans son contexte, d’une part en ce qui concerne sa cargaison et d’autre part le naufrage en tant que tel dans le contexte des transports marins dans l’Antiquité. Le projet coordonné par l’Université de Genève comprend dans son essentiel deux volets : d’une part la reprise des recherches sur le site du naufrage et d’autre part l’analyse et la publication des découvertes, y compris celles des recherches précédentes.
Des analyses complémentaires avec des instruments scientifiques haut de gamme concernent le navire et son équipement proprement dit (ancres, bois, clous, plaques de plomb, système de drainage, autres matériaux) ainsi que l’analyse d’objets individuels (céramiques) et des os humains et d’autres matières organiques également conservés.
Afin de reconstituer plus précisément le naufrage, il est important de savoir si le navire a coulé dans son ensemble et s’est brisé seulement lorsqu’il a heurté le sol marin, ou s’il s’était déjà brisé auparavant sous l’effet de la tempête. Pour comprendre cela, une cartographie des objets sur le sol marin peut fournir des informations importantes. Un des buts des recherches sur le site du naufrage consistera de compléter la documentation disponible par le moyen de prospections sous l’eau et de fouilles ponctuelles pour arriver, à l’aide d’une modélisation 3D du terrain à une reconstruction plus précise du site archéologique et de la distribution des objets. En réunissant toutes ces informations, il devrait être possible de créer à la fin un modèle de la catastrophe.
Un dernier volet du projet concerne l’étude du navire et de sa cargaison dans le contexte des transports marins à la fin du 2e et pendant la première moitié du 1er s. av. J.-C., période d’une énorme floraison économique. La reprise de l’étude des objets et leur analyse archéologique et scientifique serviront à préciser leur provenance, ce qui permettra de reconstituer le trajet du navire et de le comparer avec d’autres découvertes d’épaves contemporaines, même si beaucoup moins riches. Les résultats de cette étude donneront une contribution précieuse à la compréhension de l’économie internationale antique et de son fonctionnement, seulement très partiellement connue à ce jour.